43% des Italiens pensent que les immigrés sont un danger pour la sécurité

En Italie revient la peur des immigrés, qui continuent d’occuper une place centrale dans le débat politique et social en raison de leur grande importance dans les orientations de l’opinion publique. 43% des Italiens les considèrent comme « un danger pour la sécurité des personnes ». Cela se reflète dans l’enquête Demos publiée par ‘Repubblica’, un journal de centre-gauche. Il s’agit d’un pourcentage en croissance rapide par rapport aux deux dernières années. Alors les raisons qui ont généré la peur étaient autres : d’abord le Covid, qui est désormais maîtrisé, puis la guerre en Ukraine, à laquelle les citoyens « se sont habitués », même si elle se poursuit sans vraiment annoncer la fin. La peur des immigrés a considérablement augmenté, atteignant un niveau similaire à celui enregistré en 2017-18. C’était une période de « campagne électorale ». La question de l’immigration en Italie a toujours eu un impact important, parfois décisif, sur les décisions des électeurs lors des urnes. Le pays transalpin est aujourd’hui dans une autre période : « C’est une étape post-électorale gouvernée par le centre droit, qui accentue explicitement ce sentiment », explique le sociologue Ilvo Diamanti lors de l’analyse de l’enquête. Il ajoute qu' »à l’ère de la mondialisation, en Italie, l’importance des limites et des frontières ne diminue pas ». En effet, lors de l’évaluation des avis sur le « contrôle des frontières », la mesure obtient le soutien de 8 électeurs sur 10, parmi les partisans des Frères d’Italie, le parti de Giorgia Meloni. Et, plus encore, parmi ceux qui votent pour la Ligue de Matteo Salvini, qui dépasse les 80 %, et, surtout, pour Forza Italia de Silvio Berlusconi. Norme d’information connexe Oui La droite italienne dirigée par Meloni balaie les conseils municipaux: « C’est une révolution culturelle » Ángel Gómez Fuentes La cheffe du PD, Elly Schlein, annule un voyage à Bruxelles en raison de la tension qui a surgi au sein du parti : ses détracteurs la tiennent pour responsable de la défaite pour s’être trop tournée vers la gauche Two Italias Différente est la perception qui existe à gauche. La demande d’un contrôle accru aux frontières chute à 47 % chez les électeurs du Mouvement 5 étoiles, et chute à 28 % chez les partisans du Parti démocrate (PD). Ceux-ci, en revanche, sont favorables à une plus grande « ouverture sur le monde », plus précisément plus des deux tiers des électeurs du PD. Au vu des résultats de l’enquête, le sociologue Diamanti conclut qu’il y a « deux Italies », un tableau qui n’a pas changé ces dernières années : « L’Italie qui voudrait plus de contrôles aux frontières. Et l’Italie qui, au contraire, voudrait s’ouvrir davantage au monde. La demande de contrôle prédomine, sinon de fermeture : un peu moins de 60 %. Le classement le plus élevé des 5 dernières années. Probablement en raison des relations difficiles avec les autres pays voisins. La France, notamment », explique Diamanti. L’Italie a l’âge moyen le plus élevé et le taux de natalité le plus bas d’Europe. C’est pourquoi il a besoin d’immigrants. Mais il se bat pour qu’il y ait un contrôle des flux migratoires. « Au cours des vingt prochaines années, la croissance économique de l’Italie aura besoin d’immigrants. Vous ne pourrez pas compter sur une augmentation endogène du nombre de travailleurs », a rappelé la semaine dernière le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco. L’Italie a l’âge moyen le plus élevé et le taux de natalité le plus bas d’Europe. C’est pourquoi il a besoin d’immigrés La peur croissante des Italiens envers les immigrés a des conséquences politiques évidentes. Aujourd’hui, les classes laborieuses et en difficulté ont tendance à voter à droite. C’est ainsi que l’explique le journaliste et écrivain Aldo Cazzullo dans le ‘Corriere della Sera’ : « La droite offre au peuple une protection contre ses peurs, à commencer par une immigration incontrôlée qui réduit les salaires et les droits et rend difficile l’utilisation des services, du logement social aux lits d’hôpitaux, des crèches aux services d’urgence. Ne pas avoir compris et ne pas comprendre encore que l’immigration est une affaire de capital et un problème des classes populaires est un vide culturel que la gauche italienne ne peut combler. De plus, la gauche est encline à augmenter les impôts, ce qui aliène davantage les électeurs : « La tentative du Parti démocrate (force politique de référence à gauche) de récupérer les gens en menaçant des impôts -qui ne seront pas payés par les vrais riches qui sont déjà à l’abri dans les paradis fiscaux mais par la classe moyenne dépendante – est certainement vouée à l’échec. Le Parti démocrate est, en fait, le seul au monde à vouloir augmenter les impôts de ses électeurs. »

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